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La psychoéducation dans le TDC : comprendre, accompagner et intervenir

ludovicdelannoyerg

Le Trouble du Développement de la Coordination (TDC), également connu sous le nom de dyspraxie, est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la planification et l'exécution des gestes. Ce trouble impacte le quotidien des enfants et des adultes concernés, rendant difficile l'acquisition des habiletés motrices et influençant leur autonomie. La psychoéducation joue un rôle clé dans la prise en charge du TDC en offrant une compréhension éclairée du trouble et des stratégies adaptées aux familles, aux enseignants et aux professionnels de santé.


Qu'est-ce que la psychoéducation ?

La psychoéducation désigne un ensemble d'interventions visant à informer, sensibiliser et accompagner les personnes concernées par un trouble, ainsi que leur entourage. Dans le cas du TDC, elle permet :

  • De mieux comprendre le fonctionnement cognitif et moteur de l'enfant ou de l'adulte atteint.

  • D'identifier les impacts sur les activités quotidiennes, scolaires et sociales.

  • De développer des stratégies adaptées pour compenser les difficultés et renforcer les capacités.


Les grands axes de la psychoéducation dans le TDC

1. Comprendre le TDC et ses répercussions

  • Présenter le TDC comme un trouble neurologique et non une simple maladresse.

  • Expliquer les impacts sur la motricité fine, la motricité globale, l'organisation spatiale et temporelle.

  • Sensibiliser à l'impact émotionnel : frustration, estime de soi, anxiété.

Exemple : Un enfant dyspraxique peut avoir des difficultés à lacer ses chaussures ou à découper avec des ciseaux. Plutôt que d'insister sur la répétition d'un geste difficile, il peut être plus pertinent de proposer des alternatives comme des chaussures à scratch ou des ciseaux à ressort.


2. Adapter les environnements et les attentes

  • Aménagements scolaires : temps supplémentaire, matériel adapté (ordinateur, règles de lecture spécifiques, etc.).

  • Adaptations à la maison : simplification des tâches, encouragement et valorisation.

  • Sensibilisation des enseignants, des encadrants sportifs et des professionnels.

Exemple : À l'école, un enfant ayant un TDC peut bénéficier d’un ordinateur pour la prise de notes, avec un logiciel de dictée vocale pour pallier ses difficultés d'écriture.


3. Développer des stratégies compensatoires

  • Approches basées sur la métacognition pour aider l’enfant à verbaliser ses stratégies.

  • Utilisation de repères visuels et d’outils pour l'organisation (check-lists, pictogrammes).

  • Encouragement de l'autonomie progressive par des méthodes comme la CO-OP (Cognitive Orientation to daily Occupational Performance).

Exemple : Lors de l’habillage, un enfant peut apprendre à poser ses vêtements dans l’ordre de l’enfilage ou utiliser une check-list visuelle pour suivre chaque étape de la routine du matin.


4. Accompagner les familles et les professionnels

  • Formations et ateliers pour les parents et les enseignants.

  • Groupes de parole et soutien émotionnel pour éviter l’isolement.

  • Collaboration pluridisciplinaire (ergothérapeutes, orthophonistes, psychologues, enseignants spécialisés).

Exemple : Une famille peut être accompagnée par un ergothérapeute pour apprendre à structurer les devoirs de leur enfant, en utilisant des pauses régulières et des techniques de gestion du temps.


5. Favoriser l’auto-détermination et la motivation

  • Intégrer l’enfant dans le choix des stratégies et des adaptations.

  • Encourager la pratique d’activités adaptées où il peut se sentir compétent (ex. sport adapté, arts, musique).

  • Mettre en place des objectifs progressifs et réalistes.

Exemple : Un adolescent avec un TDC passionné de musique peut apprendre à jouer d’un instrument avec un aménagement du matériel, comme un support pour tenir la partition ou un métronome visuel.


Quelles méthodes sont recommandées ?

Les approches validées scientifiquement pour le TDC incluent :

  • L’approche CO-OP : développée par des ergothérapeutes, cette méthode cognitive permet à l’enfant de découvrir ses propres stratégies pour améliorer ses performances motrices. Elle repose sur la résolution de problèmes et l’apprentissage actif.

    Exemple : Un enfant qui a du mal à attacher son manteau peut apprendre à se poser les bonnes questions : "Comment font les autres ? Qu'est-ce qui me pose problème ? Qu'est-ce que je peux essayer ?" Plutôt que de lui donner une solution toute faite, l’ergothérapeute l’amène à expérimenter et ajuster ses gestes.


  • L'entraînement moteur ciblé : exercices spécifiques visant à renforcer certaines compétences (ex. motricité fine, équilibre).

    Exemple : Un enfant qui a des difficultés à tenir son crayon peut bénéficier d’un entraînement spécifique avec des jeux de manipulation (perles, pâte à modeler) pour renforcer ses muscles des doigts


  • Les aménagements pédagogiques : recommandés par la HAS pour assurer l'inclusion scolaire.

  • Les interventions pluridisciplinaires : combiner l’ergothérapie, l’orthophonie, et parfois la psychomotricité pour un accompagnement global.


Conclusion

La psychoéducation est un levier essentiel pour accompagner les enfants et adultes avec un TDC. Elle permet de transformer la perception du trouble, de favoriser des adaptations efficaces et de renforcer la confiance en soi. Une meilleure sensibilisation des familles, des enseignants et des professionnels de santé est clé pour garantir une prise en charge adaptée et améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Grâce à des approches structurées comme la CO-OP, il est possible d’aider ces enfants à surmonter leurs difficultés de manière proactive et engageante.

 
 
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